Tuesday 16 July 2013

Sonya Yoncheva- concert in Paris, Champ de Mars, July 14, 2013


Formidable idée, ce concert de Paris en direct du Champ de Mars et diffusé sur France 2,France Inter et France Musique pour célébrer le souvenir de ce 14 juillet 1790 fédératif et sous le signe de la réconciliation nationale, davantage que le 14 juillet 1789 si l'on a bien compris le sens des "Secrets de l'Histoire" diffusés juste avant.
L'Orchestre national de France en grande forme et le magnifique Chœur de Radio Franceétaient dirigés par Daniele Gatti, excellent dans le répertoire lyrique. Superbe programme idéalement choisi pour la circonstance de tubes de la musique classique, de deux chansons françaises immortelles et la Marseillaise orchestrée par Berlioz. Le programme, c'est souvent le point faible des Victoires de la Musique. Là c'était festif, populaire et de très haute qualité.
Bien sûr, on pourra toujours chipoter. Le pianiste Lang Lang n'est pas l'interprète idéal du finale du concerto en sol de Maurice Ravel. Le pianiste chinois manque de subtilité et de légèreté. De même, le ténor Vittorio Grigolo en fait des tonnes dans l'air de Rodolfo de La Bohème de Puccini. Il sur-nuance et sur-joue en détimbrant deux notes sur trois pour ajouter une émotion qu'il ne semble pas ressentir véritablement. Sa "Vie en rose" prise trop lentement et de manière trop sophistiquée aurait gagné en simplicité. En revanche, la soprano bulgare Sonya Yoncheva mérite tous les éloges. Voix superbe, physique de rêve et style parfait. Tout comme le reste du plateau: Ludovic Tézier dans l'air du Toréador de Carmen, Karine Deshayes dans la Habanera de Carmen, Joseph Calleja dans l'air de la fleur de Carmen (bon, effectivement, il n'y a pas que Carmen dans notre répertoire, mais passons) ou Renaud Capuçon dans la divine "Méditation" de Thaïs de Massenet, en hommage au grand luthier Étienne Vatelot qui vient de disparaître. Pour son grand retour après une année sabbatique, le contre-ténor Philippe Jaroussky risquait gros avec "Les feuilles mortes" de Kosma-Prévert. Il s'en est admirablement bien tiré, créant même un véritable moment de grâce. Et encore une fois, l'Orchestre national de France brillait de mille feux tout comme la tour Eiffel.
Sans oublier notre hymne national chanté vaillamment en duplex de Marseille (où il se produit dans Les Troyens) par notre cher Roberto Alagna, curieusement qualifié par le présentateur Stéphane Bern, un peu perdu dans ses fiches, du "plus français des ténors italiens" alors qu'il est né à Clichy-sous-Bois de parents siciliens. Cette Marseillaise est un chef-d'œuvre absolu. Et c'est le plus bel hymne du monde comme l'affirmait le pianiste russe Sviatoslav Richter qui ajoutait: "Les Français ne savent pas ce qu'ils ont de beau." Alagna en est aujourd'hui l'interprète idéal. Tous les artistes sont revenus sur scène pour chanter le dernier refrain et l'on avait parfois l'impression d'une équipe de foot qui ne connaissait pas très bien les paroles (surtout Lang Lang).
C'est réellement grâce à ce genre d'événements, suivi par 400 000 spectateurs selon les organisateurs (combien selon la police?) et des millions de téléspectateurs, que la musique classique peut retrouver la place qu'elle n'aurait jamais dû perdre dans le cœur du grand public. Bravo!

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